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Salle 1

Les hybrides. Minos et les Érinyes

Minos, fils de Zeus et de la nymphe Europe, roi légendaire de Crète, revêt après sa mort le rôle de juge des âmes aux enfers : Dante le retrouve dans l’Averne, décrit par Virgile au livre VI de l’Énéide, où on lit que « les places de l’au-delà ne sont pas attribuées aux morts par hasard, mais sont établies par un juge : c’est Minos, l’enquêteur, qui agite l’urne ; il convoque l’assemblée des âmes silencieuses et enquête sur leurs comportements et leurs griefs » (vers 431-433). Dans la brève description virgilienne, il n’est pas un monstre : c’est Dante qui le transforme en une créature hybride et bestiale. En revanche, la mythologie ancienne attribue déjà un aspect monstrueux aux Érinyes (du grec Ἐρινύες, « les Implacables »), qui sont aussi appelées Furies (du latin Furiae, mot qui signifie « rage », « fureur », « folie »), divinités infernales représentant la personnification de la vengeance et des remords, persécutant et punissant les coupables. Nées du sang d’Uranus lorsque Kronos l’émascula ou, selon une autre version de la légende, filles de la Nuit, elles sont souvent représentées avec de grandes ailes et la tête couverte de serpents. À l’origine, leur nombre n’était pas fixé ; mais Virgile en mentionne trois, en les appelant par les noms translittérés du grec Mégère (Μέγαιρα, « la Haine »), Tisiphone (Τισιφόνη « la Vengeance »), Alecto (Ἀληκτώ, « l’Inébranlable »). Il situe leurs « chambres bardées de fer » dans le vestibule de l’Averne, près de la « Discorde folle » et parmi beaucoup d’autres monstres (Énéide, VI, 280) ; plus avant, il décrit « Tisiphone, la vengeresse, munie d’un fouet », qui « agresse les coupables, les frappe et, brandissant par sa main gauche des serpents menaçants, appelle la troupe cruelle de ses sœurs » (ibidem, vers 570-572). (Giampiero Scafoglio)